Les attaques de paniques font très peur, pourtant c’est un trouble fréquent et sans réelle gravité ! Comment traiter les attaques de panique ?
Les attaques de panique sont un phénomène fréquent. Une personne sur trois fera une attaque de panique dans sa vie.
Lorsque ces attaques de panique se répètent, que le sujet commence à redouter de faire d’autres crises, qu’il se met à craindre les conséquences de ces crises (peur de mourir , de devenir fou, de perdre le contrôle…) et à modifier ses habitudes pour tenter d’éviter ces crises, on parle alors de TROUBLE PANIQUE.
Qu’est ce qu’une attaque de panique :
C’est une crise qui survient brutalement, parfois après un événement stressant, mais pas toujours (parfois c’est le « coup de tonnerre dans le ciel serein ») et dont les symptômes sont quatre ou plus des manifestations suivantes :
– souffle coupé, sensation d’étouffement, étourdissement, peur de s’évanouir, palpitations, tachychardie, nausées, tremblements musculaires, transpiration, engourdissement de membres, chaleur ou frissons, sentiment d’irréalité, peur de devenir fou, peur de mourir.
Par rapport à une crise d’angoisse qui peut lui ressembler, la particularité de l’attaque de panique est de déclencher chez le sujet qui en souffre, outre les symptômes typiques du stress ou de l’angoisse, la peur de devenir fou, de perdre le contrôle, ou de mourir.
La personne qui panique est totalement déstabilisée : non seulement les sensations perçues sont extrêmement pénibles, mais en plus elle pense que les symptômes sont graves : c’est pourquoi il est fréquent de se retrouver aux urgences après une crise de panique, car le sujet croit souvent faire un infarctus. Les examens s’avèrent normaux,et le sujet se demande ce qui a bien pu lui arriver, tout en redoutant de revivre un autre épisode…C’est souvent lors d’attaques de paniques répétées que le diagnostic est finalement posé, et le sujet adressé à un psychologue ou psychiatre.
EST-CE GRAVE ?
Non. Malgré l’intensité et le désagrément des sensations ressenties, il n’y a pas de conséquences sur la santé : le sujet craint de s’évanouir ou d’étouffer, mais cela ne se produit pas. Aucune personne n’a perdu la raison après une attaque de panique, et on ne meurt pas d’une crise de panique, heureusement !
Par contre, le retentissement sur la vie peut être très important, à cause de la peur de revivre les crises qui peut conduire à éviter de plus en plus de situations ou de lieux susceptibles de déclencher une attaque de panique : c’est l’agoraphobie qui se déclenche secondairement au trouble, et qui peut devenir très invalidante, jusqu’à provoquer parfois l’isolement social et la dépression.
QU’EST-CE QUE L’AGORAPHOBIE ?
Contrairement à une idée répandue, l’agoraphobie n’est pas uniquement la peur des foules et des grands magasins aux heures de pointe. En fait, l’agoraphobie, c’est plus précisément la peur de se trouver dans une situation ou un lieu d’où il pourrait être difficile d’être secouru en cas de malaise : c’est pourquoi l’agoraphobie est souvent une complication du trouble panique.
Les situations redoutées ne sont pas forcément les endroits pleins de monde : ce peut-être au contraire les endroits déserts, le fait de conduire seule, d’être sur une autoroute, en montagne, au cinéma, mais aussi être seule chez soi….toute situation où obtenir de l’aide pourrait être compliqué. Souvent les personnes agoraphobes ne peuvent plus faire certaines choses que si elles sont accompagnées. L’agoraphobie peut donc être extrêmement invalidante.
QU’EST-CE QUI PROVOQUE LES ATTAQUES DE PANIQUE ?
Une prédisposition génétique, un tempérament anxieux, la prise d’excitants (café, colas…), le sevrage de certains tranquilisants, et bien sûr le stress peuvent favoriser les attaques de panique. Mais ce qui fabrique vraiment physiologiquement l’attaque de panique, c’est l’hyperventilation : face à une alarme, le sujet se met à respirer plus vite et plus fort, ce qui induit l’augmentation de la quantité d’oxygène dans le sang, et la diminution du gaz carbonique. C’est ce dérèglement neuro-végétatif qui va provoquer les palpitations, le sentiment de vertige, la confusion…
En fait contrairement à ce qu’imagine le sujet qui a le sentiment d’étouffer : il ne manque pas d’air, mais au contraire il respire trop vite ou trop fort. D’où la première règle d’or en cas d’attaque de panique : ralentir sa respiration pour arrêter l’hyperventilation (voir plus loin : comment traiter les attaques de panique)
COMMENT TRAITER LE TROUBLE PANIQUE (AVEC OU SANS AGORAPHOBIE) AVEC LES TCC ?
Après avoir bien compris les données du problème (deux ou trois séances sont consacrées à ce qu’on appelle l’ »analyse fonctionnelle » du trouble : depuis quand, dans quelles circonstances, avec quelle intensité, facteurs de maintien du trouble, facteurs aggravant ou minorant les crises, stratégies mises en place par le patient, analyse précise des sensations ressenties et des pensées du patient pendant les crises…), le psy tcc et son patient vont se mettre d’accord sur le plan thérapeutique qui pourra comprendre :
1) Explications du thérapeute sur le modèle TCC d’explication du trouble panique.
Modèle de « l’alarme apprise » :
Une première situation d’alarme déclenche une attaque de panique avec son cortège d’éléments inquiétants (palpitations, vertiges, sentiment de perte de contrôle…jusqu’à la peur de mourir). La crise est tellement impressionnante que le sujet redoute qu’elle se reproduise et développe une hyper-vigilence à toute sensation physiologique qui pourrait ressembler à ce qu’il a connu.
De ce fait, un sentiment d’accélération cardiaque, ou d’oppression respiratoire, surtout si ces sensations se reproduisent dans un contexte proche de la première crise, déclenche une accélération du processus, et la fameuse hyperventilation qui va enclencher l’attaque de panique.
Ensuite, le phénomène du conditionnement se met en place : le patient redoute toute situation qui lui semble pouvoir induire une attaque de panique, se met à éviter certaines situations ou certains lieux. Ces évitements aggravent le trouble car les anticipations négatives sur ce qui pourrait se produire augmentent l’anxiété, diminuent le sentiment de maîtrise, favorisent les généralisations abusives sur d’autres situations à redouter/éviter…et donc bien sûr majorent l’intensité de la prochaine crise, qui augmente les évitements….et la spirale de l’aggravation se met en place, qui peut aller jusqu’à entraver la vie professionnelle et les relations sociales, du fait des nmbreux renoncements.
Modèle de la courbe de l’anxiété et de son extinction :
Le sujet qui souffre d’une attaque de panique a le sentiment que l’anxiété va être de plus en plus forte, et qu’il peut en mourir ou faire un infarctus . En réalité (et heureusement!) l’anxiété atteint très rapidement un sommet dans la crise, et stagne à ce niveau pendant plusieurs minutes (jusqu’à une heure), puis redescend progressivement. Eviter les situations augmente l’angle de la courbe et la durée du plateau d’anxiété maximum, alors qu’affronter permet d’ »aplanir » la courbe, jusqu’à faire disparaître les crises.
2) apprentissage de la relaxation
3) entraînement aux exercices de respiration qui permettent de stopper les effets l’hyperventilation et donc de la crise de panique.
4) travail cognitif avec le patient sur les pensées dysfonctionnelles : peur exagérée, généralisation abusive, pensées catastrophiques : le patient va apprendre à modifier ses pensées et croyances irréalistes, notamment sur les conséquences qu’il imagine dramatiques de l’attaque de panique.
5) apprentissage de l’exposition aux sensations désagréables de l’attaque de panique
Les études scientifiques ont démontré qu’avec l’exposition aux situations redoutées, c’est l’AXE CENTRAL de la thérapie du trouble panique
En effet, ce que le sujet redoute le plus, c’est de ressentir ces sensations inquiétantes que sont les plapitations, vertiges, oppression respiratoire et tous les autres signes physiologiques de la crise, qui sont vécus comme alarmants : le trouble panique, c’est LA PEUR DE LA PEUR.Ce que le psychologue tcc va démontrer au patient, c’est que ces sensations, que l’on peut induire mécaniquement dans le cabinet par différents exercices, le patient peut les expérimenter sans angoisse, dès lors qu’il apprend avec le psychologue que l’on peut les provoquer et les stopper, et que ce sont des manifestations normales et non un signe de gravité comme elles sont souvent interprétées.
6) et enfin bien sûr l’EXPOSITION PROGRESSIVE aux situations redoutées et évitées :
C’est LE TRAITEMENT TTC du trouble panique le plus déterminant. En TCC, il y a toujours une partie du travail qui concerne l’axe comportemental.
Et toutes les études sur les troubles anxieux ont prouvé que l’évitement aggrave le trouble, parce qu’il majore l’anxiété et les anticipations négatives, et renforce le sentiment de perte de maîtrise du sujet.
Traiter les attaques de panique ou l’agoraphobie, c’est faire la guerre aux évitements ! Mais bien entendu, chacun a son rythme ; C’est pourquoi le patient et le psychologue vont bâtir ensemble une échelle progressive des situations difficiles pour le patient. Et le psychologue aidera le patient à affronter d’abord la moins difficile de ces situations, puis progressivement, les suivantes.
Lorsque cette exposition est trop difficile dans la réalité, on la fait en imagination, au cabinet, éventuellement après une phase de relaxation. Au fur et à mesure le patient va expérimenter le fait que l’on peut traverser une situation redoutée en maîtrisant son anxiété ; et surtout il va pouvoir constater qu’en affrontant régulièrement les situations évitées, son anxiété va progressivement diminuer, jusqu’à atteindre des seuils tout à fait tolérables, voire disparaître !
Combien de séances sont-elles nécessaires pour traiter un trouble panique ?
En moyenne une quinzaine, mais c’est variable selon l’intensité des symptômes et aussi l’ancienneté du trouble. Plus on le prend en charge rapidement, plus les progrès seront rapides. Il est beaucoup plus dur de venir à bout d’un trouble panique qui s’est installé depuis plusieurs années.