La confiance en soi

LA CONFIANCE EN SOI …ou plutôt son absence….est un fréquent motif de consultation. Ce concept assez flou est présent chez des personnes présentant parfois des troubles plus marqués (anxiété sociale, anxiété généralisée, troubles de la personnalité…), mais aussi chez des personnes qui n’ont pas d’autres difficultés majeures. Voici quelques précisions sur cette notion.

CONFIANCE EN SOI, ESTIME DE SOI, AFFIRMATION DE SOI, QUELLES DIFFÉRENCES  ?

La confiance en soi, c’est ce que j’imagine, ce que je crois ou ce que je sais que je suis capable de faire.
C’est la croyance assez solide en ses propres capacités à agir ou réagir dans des situations qui pourraient être délicates : situation nouvelle, imprévue, ou avec un enjeu.

Il y a évidemment plusieurs niveaux de confiance en soi, et une grande variabilité selon les contextes : on peut être très confiant dans sa capacité professionnelle et être incapable de s’opposer à son conjoint ou d’oser dire non à des demandes abusives de proches.
On peut être à l’aise dans certaines situations et très en difficulté dans d’autres. A l’extrême, certaines personnes peuvent avoir si peu confiance en leur jugement que choisir entre deux sortes de yaouts devient problématique.

L’estime de soi est un peu plus générale, elle englobe une vision de soi avec ses qualités et ses défauts : quelles sont mes compétences et mes limites ? Quelle est finalement ma valeur à mes propres yeux et à ceux d’autrui ? L’estime de soi dépend aussi du système de valeurs de chacun : si par exemple pour moi la famille est très importante et que j’ai l’impression d’être une bonne mère, de faire ce qu’il faut pour mon couple et ma famille, alors j’aurai de la valeur à mes propres yeux dans ce domaine.

L’affirmation de soi, c’est plus précisément la capacité à exprimer ce qu’on ressent vis à vis d’une personne sans être débordé par l’émotion ou l’agressivité, et donc entre autres c’est la capacité à résister à une demande abusive, à oser formuler une demande délicate, à émettre une critique…

On voit que tous ces concepts sont voisins, et s’influencent les uns les autres : il est évident qu’une bonne estime de soi aide à avoir confiance dans ses capacités à réagir dans une situation délicate :

– Si j’ai une vision positive de mes qualités professionnelles, je vais aborder mon entretien d’évaluation de manière plus confiante et affirmée, et éventuellement je saurai réagir et me défendre si j’estime être dévalorisé injustement par mon boss.

– Si je suis conscient de mes capacités intellectuelles par exemple, je suis logiquement plus enclin à avoir confiance en moi pour affronter un examen…

Mais ce n’est pas si simple, hélas! Il est fréquent de voir des personnes avec des capacités objectivement très au dessus de la moyenne, n’avoir aucune confiance en elles, et être persuadées qu’elles vont échouer à un concours alors qu’elles sont tête de classe. Qui n’a pas eu dans sa classe un jour ce type de camarade qui se lamente qu’elle a tout raté et se retrouve avec 18/20 ? Ce comportement très agaçant de l’extérieur, et qui fait penser à de la fausse modestie, très souvent n’en est pas du tout : certaines personnes, même confrontées à l’évidence de leur talent, sont incapables d’avoir confiance en elles. Et tous commentaires bienveillants visant à les rassurer vont glisser sur elles sans aucun effet !

J’ai eu un jour une patiente, manager d’un département de 15 personnes, adorée de son équipe et de ses chefs, qui avait ostensiblement de très grandes qualités humaines managériales. Lorsqu’elle recevait son évaluation annuelle, dithyrambique (elle me l’a montrée), elle était tellement persuadée que ça ne pouvait pas être elle dont on parlait ainsi (syndrome de l’imposteur), qu’elle était prise de crises d’angoisse.

Ce sont des réactions qui semblent incompréhensibles aux personnes dont l’estime de soi est « normalo-normale ».

Par ailleurs, la confiance en soi n’est jamais un acquis définitif : on peut avoir plutôt confiance en soi, et être un jour victime d’un incident qui sape cette confiance :
Si je me suis retrouvé un jour pris en défaut et critiqué vertement dans une réunion de travail, devant témoins, je peux perdre confiance en moi et me sentir beaucoup plus fragile pour tous les entretiens ultérieurs.

D’OU VIENT LA CONFIANCE EN SOI :

Pourquoi certains semblent en être dotés naturellement et d’autres en manquer cruellement ?

On ne naît pas avec la confiance en soi, même si il y a des dimensions du caractère innées qui la favorisent : la prédisposition à à l’optimisme par exemple, ainsi que la capacité à réguler facilement ses émotions.

LA CAPACITÉ À RÉGULER SES ÉMOTIONS : UN FACTEUR TRÈS IMPORTANT :

Réguler ses émotions, cela veut dire accepter les émotions négatives comme la peur ou la colère sans être dévastées par elles. Certains ont naturellement plus de capacité à s’auto-réguler (on le voit très tôt chez le nourrisson), mais les parents ont là aussi un rôle crucial.

Prenons l’exemple d’un enfant qui fait un caprice pour un bonbon. Si ses parents lui apprennent calmement que non ce n’est pas le moment, que bien sûr il est en colère et c’est normal (ils « reconnaissent » ainsi l’émotion de l’enfant, ce qui lui permet de se sentir compris), qu’ils lui expliquent pourquoi c’est non, et qu’ils lui apprennent à « differer » l’envie immédiate, en gardant un ton calme, sans eux-même se laisser emporter par l’agacement, alors ils apprennent à leur enfant plusieurs choses essentielles :
– 1 : ce qu’il ressent c’est de la colère (nommer l’émotion)
– 2 : c’est normal de ressentir de la colère quand on n’a pas ce qu’on veut (car l’enfant sent bien que sa réaction est disproportionnée, ce qui peut rajouter de l’angoisse à la colère)
– 3 : ils ne vont pas céder, mais ça ne veut pas dire qu’ils n’aiment pas leur enfant (ils posent des limites, ce qui aide l’enfant à se construire).
– 4 : ils apprennent ce faisant à leur enfant à gérer cette colère et donc à développer un sentiment de maîtrise sur ses émotions, ce qui va l’aider à avoir confiance dans ses capacités à mieux gérer ses prochaines crises émotionnelles.

Si au contraire le parent débordé lui même par l’agacement le punit, le traite de «vilain » ou de bon à rien, l’enfant va intérioriser ce sentiment de « nullité », ne va pas apprendre à « négocier » avec sa propre frustration, réagira de plus en plus mal à chaque épisode, sera donc puni à nouveau …et il aura donc appris que :
– 1 : rien ne peut le calmer quand il est en colère.
– 2 : ses parents ne l’aiment pas puisqu’ils crient et le punissent.
Il sera donc de plus en plus susceptible de faire des crises, de perdre ses moyens, et d’intégrer qu’il est « nul » ou méchant » et pas aimable, de se mettre en situation d’échec qui vont renforcer sa perte de confiance…

On voit ainsi comment on passe de la difficulté à réguler ses émotions à la perte de confiance dans ses capacités à réagir et à la perte d’estime de soi.

LA SÉCURITÉ AFFECTIVE DE L’ENFANT : UN ENJEU CAPITAL POUR TOUTE LA VIE :

La confiance en soi se nourrit du sentiment d’être aimé et donc aimable, et du sentiment d’être compétent.
Et qui donc apprend à l’enfant qu’il est aimable si ce n’est les parents !
L’enfant a un besoin vital d’être aimé et valorisé par ses parents.

C’est vrai dès le tout jeune âge : les applaudissements pour les premiers pas, l’encouragement à faire des expérimentations, à aller vers les autres, les calins, les « je t’aime, tu es le plus beau/la plus belle » sont absolument déterminants dans la construction de l’estime de soi. Mais ce qui est vrai petit le reste à tous les stades du développement : l’enfant qui n’arrive pas à lire aussi vite que les autres, qui a raté son match de tennis, qui n’a pas été invité à un anniversaire a impérativement besoin d’être consolé par ses parents, et rassuré : « ce n’est pas grave, c’est normal de rater, tu réussiras demain ! Celui ne t’a pas invité ? C’est un idiot, il ne sait pas ce qu’il rate etc.
Un parent n’en fait jamais trop pour convaincre son enfant qu’il est le plus beau, le plus doué, le plus aimable, la personne la plus importante au monde pour ses parents ! Et surtout que l’échec n’est pas grave, que ce qu’on a raté aujourd’hui on le réussira demain !
Il n’en fera jamais un enfant trop gâté, au contraire, ce faisant il lui donne les armes pour se construire une estime de soi en béton, qui fera que quand cet enfant rencontrera un échec, une contrariété, un individu malfaisant, au lieu de se dire : je n’y arriverai pas, je suis nul, il est plus fort que moi…il pourra se dire : bon, je vais faire de mon mieux, et si je n’y arrive pas aujourd’hui tant pis, je ferai mieux la prochaine fois !

Mais bien sûr il n’y a pas que les parents qui entrent en jeu : les professeurs, les camarades de classe, ont un rôle crucial : un enseignant peut laminer un élève par ses remarques, de même que des enfants cruels ou tout simplement indifférents peuvent faire beaucoup de mal.
Les cours de récréation sont des arènes où parfois, sur certains plus fragiles, la méchanceté, l’exclusion, la moquerie vont faire des ravages et ancrer parfois très tôt une estime de soi très défaillante.
La mise à l’ecart des autres à l’école devrait être considérée comme une urgence absolue dans le soutien à l’enfant, par les maîtres, qui souvent se désintéressent de ce qui se passe en dehors de l’apprentissage, et par les parents qui devraient être mis au courant et soutenir leur enfant à tout prix.
Combien d’adultes qui viennent consulter, se remémorent pendant la thérapie de moments difficiles vécus enfants avec les autres (particulièrement en primaire et au collège).

Et bien sûr l’apparence physique, le sentiment d’être ou pas conforme à un certain idéal, d’avoir ou pas quelques kilos de trop, un nez trop long, d’être trop grand, trop petit, pas assez quelque chose, est un facteur déterminant de la confiance en soi.

Mais cette dimension « corporelle » est-elle déconnectée de ce qu’on a vu plus haut ?
Là encore on s’aperçoit que certaines personnes malgré plusieurs kilos de trop sont joviales, pleines d’amis et semblent mordre la vie à pleines dents quand d’autres personnes objectivement jolies vont dire qu’elles se trouvent affreuses. Où ont-elles construit cette image négative d’elles-mêmes en contradiction avec la réalité ? N’y a-t-il pas un lien entre cette image distordue et la confiance en soi plus générale acquise dans l’enfance, dans le regard bienveillant ou trop critique, voire malveillant, des autres ? Notamment, en ce qui concerne le physique, des remarques blessantes subies des pairs, souvent à la période si fragile de l’adolescence, au collège notamment ?

Alors, que peut une thérapie pour aider les personnes qui manquent de confiance, ou d’estime de soi ?

INFORMATIONS PRATIQUES

📍81 bis rue Lauriston 75016 Paris

📞 07 82 19 11 20

📧 c.g.olivier@live.fr

Contactez-moi