Relativement moins connue que les TCC, la Thérapie des schémas en est pourtant un complément très intéressant, importée elle aussi des Etats-Unis.
Schéma d’abandon, schéma d’échec, schéma d’abnégation… On comprend bien intuitivement ce que cela recouvre. La Thérapie des schémas s’adresse aux personnes qui souffrent de reproduire malgré elles dans leur comportement ou leur rapport aux autres des schémas de fonctionnement assez rigides, qu entravent leur épanouissement. Ces schémas de fonctionnement, ce sont des façons de penser, de ressentir, de réagir aux évènements selon certaines grilles d’interprétation plus ou moins conscientes, et dont on sent bien qu’elles nous sont nuisibles.
D’après Jeffrey Young, le psychiatre américain à l’origine de la Thérapie des schémas dans les années 2000, il y aurait 18 schémas de fonctionnements « négatifs » principaux, acquis en général dans l’enfance, en réponse à un environnement dysfonctionnel (un parent absent affectivement, ou trop critique, ou trop pessimiste, un harcèlement à l’école, un modèle éducatif trop exigeant, la présence de traumatismes….).
La Thérapie des schémas est née dans le prolongement des théories de l’attachement, à la suite des travaux du psychanalyste anglais John Bowlby dans les années 1960. Bowlby a mis en lumière les les besoins affectifs fondamentaux de l’enfant dont en tout premier la sécurité affective (« mes figur d’attachement, mes parents, sont là pour moi, qui m’aiment et me protègent »).
Si l’environnement se montre défaillant, l’enfant va tenter de combler le manque en mettant en place des réponses émotionnelles et comportementales (les schémas, donc) qui lui permettent de supporter les manques comme il peut. Ces schémas de fonctionnement vont devenir de plus en plus constitutifs de sa personnalité. Devenu adulte, il va continuer à les reproduire dans toutes les occasions en lien avec les situations douloureuses du passé, parfois inconsciemment.
Prenons l’exemple du schéma d’abandon : une personne est, par exemple, persuadée qu’aucune personne ne peut s’attacher à elle, qu’elle sera forcément quittée… Cette personne pourra par exemple éprouver une angoisse extrême et irraisonnée si sa compagne/son compagnon rentre en retard sans prévenir, ou si la personne récemment rencontrée ne donne pas de nouvelles pendant deux jours…Cette personne qui souffre de ce schéma d’abandon sent bien que sa réaction est disproportionnée, mais elle n’arrive pas à se calmer.
La Thérapie des schémas a été initialement pensée pour traiter les personnalités borderline. Ce trouble de la personnalité se caractérise par une grande instabilité émotionnelle et des relations interpersonnelles très compliquées et marquées justement par la peur de l’abandon.
Mais très vite on s’est aperçu que cette thérapie était efficace pour traiter des difficultés beaucoup moins moins sévères : peur de l’échec, hyper exigence, perfectionnisme, abnégation exagérée, négativité…les indications sont multiples.
Comment fonctionne la thérapie des schémas ?
La Thérapie des schémas vise à identifier ces schémas, comprendre leur origine, et apaiser leur intensité.
Comment ? En expérimentant émotionnellement les besoins affectifs qui n’ont pas été assouvis dans l’enfance. C’est une thérapie émotionnelle : des techniques particulières, comme l’imagerie, vont permettre d’accéder aux émotions en lien avec les manques, de parler aux « parties de la personnalité qui ont souffert », et de les apaiser.
Des situations difficiles d’aujourd’hui dans la vie du patient vont être associées à des souvenirs anciens, non pas par la parole et la mémoire consciente, mais par l’analyse des émotions et la mise en lien de ces emotions ressenties aujourd’hui avec des émotions identiques du passé.
Le travail thérapeutique mettra en lumière les différentes parties de la personnalité, les modes, comme l’enfant vulnérable, l’enfant en colère, la partie de soi hyperexigente, la partie de soi critique, celle qui évite la douleur en se réfugiant dans l’addiction oue en coupant l’accès aux émotions…. Le patient apprendra ainsi à mieux identifier ses différents modes, comment et pourquoi ceux-ci s’activent dans certaines situations.
C’est une thérapie qui permet de combler les manques affectifs, de consoler « l’enfant intérieur ».