“L’angoisse est une énigme dont la solution devrait projeter des flots de lumière sur toute notre vie psychique”
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse, 1923
De quoi parle-t-on quand on parle d’anxiété :
Force est de constater qu’un siècle plus tard, nous n’avons toujours pas les clés de l’énigme.
Anxiété, stress, angoisse… différentes appellations, recouvrant des nuances de forme ou d’intensité, mais une évidence pour tous : quel que soit le terme, il fait référence à un vécu douloureux en lien avec un excès de cette émotion primaire : la peur.
La peur, comme toutes les émotions, est utile : chez l’homme comme chez l’animal, elle vise à alerter d’un danger et préparer le corps à la lutte ou à la fuite. On sait aussi qu’une anxiété modérée est un puissant moteur d’adaptation à l’environnement, et d’amélioration des performances (celui qui n’est pas anxieux de réussir un examen ne trouvera pas la motivation de travailler). En excès, elle fait souffrir, et elle épuise, au point de provoquer parfois la dépression.
Un siècle après Freud, la médecine, la biologie et les neurosciences nous ont quand même appris beaucoup sur le fonctionnement physiologique de la peur : schématiquement, lorsque le cerveau identifie un danger, l’information est transmise en quelques nano-secondes à une une petite zone du système limbique qui s’appelle l’amygdale. Celle-ci fonctionne comme un « détecteur de fumée », envoie aussitôt un message au système nerveux autonome, qui déclenche les hormones du stress : le cortisol et l’adrénaline, qui vont élever le rythme respiratoire et cardiaque pour préparer le corps à la lutte ou la fuite.
Voilà pour le mécanisme physiologique de la peur.
Depuis la découverte des anxiolytiques (les benzodiazépines : Xanax, Valium, Lexomil…) on sait aussi atténuer les symptômes de l’anxiété quand elle est invalidante, mais au prix de certains risques, notamment d’accoutumance.
Pourquoi certains souffrent-ils de trop d’anxiété ? :
On sait maintenant qu’il y a une forte dimension « génétique » à l’anxiété. Il y a des familles d’anxieux. Mais l’anxiété ne se transmet pas seulement par les gênes. « L’environnement » peut contribuer à la renforcer : le modèle éducatif, mais aussi les « stresseurs de vie », le caractère vécu comme imprévisible, ou incontrôlable de certains évènements négatifs dans l’enfance, le sentiment d’avoir réussi ou pas dominer ces situations, vont amoindrir ou renforcer la prédisposition à l’anxiété .
Les différentes formes de l’anxiété :
Chez certains l’anxiété prendra essentiellement une forme somatique (mal de dos, syndromes gastro-intestinaux, douleurs chroniques diverses) chez d’autres elle fera le lit de l’insomnie, chez d’autres encore elle sera la cause d’un excès d’inquiétude ou d’un niveau de tension interne permanent.
Un certain nombre de troubles anxieux spécifiques sont recensés dans les classifications psychiatriques :
- le trouble panique/agoraphobie
- le trouble anxieux généralisé
- les phobies
- l’anxiété sociale
- les tocs
Les TCC sont très efficaces contre ces troubles anxieux, grâce à des protocoles de traitement spécifiques pour chaque trouble, qui allient techniques de respiration/relaxation, travail sur les pensées dysfonctionnelles et les comportements qui renforcent les troubles, travail d’exposition aux situations évitées.
Parfois il sera intéressant d’avoir une approche plus globale de la personne, de s’intéresser à son histoire de vie plus en profondeur, à la recherche de schémas de fonctionnement qui peuvent être à l’origine du développement des symptômes anxieux, qui ne seraient alors que la face immergée de l’iceberg. Dans ce cas, on fera appel à la thérapie des schémas.