Il y a plein de techniques thérapeutiques utilisées en TCC : les jeux de rôle, le travail d’analyse d’un carnet de bord de thérapie rempli par le patient, les techniques motivationnelles, la relaxation, les techniques de résolution de problème…mais une des techniques centrales pour toutes les situations qui provoquent de l’anxiété demeure l’exposition.
a) la technique comportementale de base : l’exposition
Certains comportements vont renforcer une difficulté rencontrée ( plus j’évite une situation, plus je vais la redouter, plus elle sera insurmontable). Désapprendre un comportement (renoncer à l’évitement), ce qui revient à apprendre à affronter – progressivement, et avec l’aide du thérapeute- va permettre au patient de faire l’expérience du succès : oui je peux affronter une situation qui paraissait insurmontable, et quand je l’ai surmontée un fois, ma confiance en mes propres capacités augmente et me facilite la capacité à affronter à nouveau. Un spirale vertueuse peut s’installer.
L’exposition sera toujours progressive, accompagnée par le psychologue, au rythme du patient.
Elle se fait parfois d’abord en imagination, entrecoupée de séances de relaxation, quand la situation redoutée est impossible à affronter concrètement. Puis, très progressivement, avec l’aide et la bienveillance du thérapeute, le patient sera amené à se confronter d’abord quelques secondes, puis quelques minutes, à la situation jusque là impossible à envisager.
Une grille hiérarchisée des situations redoutées est établie avec le patient, qui n’est jamais brusqué. C’est le patient qui reste le maître du « timing » de la thérapie. Parfois le thérapeute peut accompagner le patient à l’extérieur pour l’aider, par exemple accompagner dans le métro un agoraphobe…
L’exposition est la clé de la lutte contre les phobies, qu’elles soient phobies d’un animal ou d’une situation (peur de parler ou manger en public, agoraphobie…) et c’est aussi la base du traitement de la timidité et de l’affirmation de soi.
b) la technique cognitive
– qu’est ce que l’on se dit, quelle est la voix intérieure qui parle lorsque l’on rencontre une situation désagréable?
Par exemple : si je me suis fait refuser une augmentation par mon patron et que je manque de confiance en moi, je vais me dire : « je me suis encore fait avoir, je suis nul, je ne saurai jamais rien obtenir ». Est-ce une analyse objective de la situation ? Quelqu’un d’autre, avec plus de confiance en soi, pourrait-il se dire : « ce n’est pas mon travail qui est sanctionné, mais le bénéfice de l’entreprise est insuffisant cette année » ou bien « je m’y suis mal pris, l’an prochain je me préparerai mieux et j’obtiendrai une augmentation.? ».
Le thérapeute cognitiviste analyse avec le patient les éventuels biais de raisonnement, exagérations, qui faussent la perception du patient. Il l’amène petit à petit à une appréciation plus juste de la situation.
Ceci s’obtient grâce à une grande variété de techniques de « décentrement » et jeux de rôle, qui permettent au patient de remodeler progressivement son discours intérieur et sa façon de voir les choses.
La thérapie cognitive est très utilisée dans le traitement des dépressions.
c) Le travail sur les émotions
C’est le troisième point d’entrée des thérapies TCC : on travaille sur le comportement, (évitement, exposition…), sur les schémas cognitifs (le discours intérieur, les pensées alternatives) mais aussi sur les émotions et plus précisément sur l’accès du patient à son vécu émotionnel :réflechir, nommer les émotions ressenties, c’est déjà s’approprier l’expérience (positive ou négative) sous un certain angle.
La façon d’appréhender une expérience varie radicalement selon le « style émotionnel » de chacun. De même que nous avons des schémas cognitifs, nous avons des schémas émotionnels, qui modèlent nos façons de réagir à des situations données. Ces schémas résultent en partie d’un tempérament génétique (il y a des natures « colériques »), en partie des expériences primaires de vie (la peur « primaire » ressentie comme enfant lors d’une première expérience angoissante et la façon dont la mère a réagi – réconfortante ou distante -modèle l’intensité de la peur qui sera ressentie la 2ème fois dans une expérience similaire etc…). Ainsi un schéma émotionnel (mélange de traces mnésiques, d’images, de pensées) s’installe qui guidera un type de réaction X ou Y face à une situation X ou Y.
Faire prendre conscience au patient de l’émotion ressentie dans une situation, (et ces émotions ne sont pas toujours facilement accessibles), c’est déjà l’aider à modifier son « discours narratif », sa vision des choses du problème.
Car tout est lié: les pensées et les comportements découlent des émotions. Comprendre que l’on éprouve de la colère pour un proche qui vous crée du souci, et pas uniquement de l’anxiété (qu’un mari dépressif aille de plus en plus mal par exemple), va désamorcer certaines réactions et frustrations, et permettre d’interagir plus sereinement avec lui.
Enfin, en thérapie, on apprend à vivre avec ses émotions négatives. Beaucoup de gens évitent des situations pour ne pas ressentir les émotions trop douloureuses qui y sont associées. Mais cet « évitement émotionnel » renforce la peur des situations qui génèrent le mal-être. Accepter que les émotions nous traversent, retrouver de la compassion pour soi-même, aide à diminuer l’intensité des émotions négatives et à mieux vivre les expériences pénibles.